Le Parc naturel régional Jura vaudois mène, depuis 2021, le projet Biodiversité en village. Il aide les communes du Parc à mettre en œuvre des mesures pour donner plus de place à la nature en milieu bâti. Bords de chemins, avant-toits, ronds-points, espaces-verts sont des lieux précieux pour la faune et la flore.
Le Parc Jura vaudois vous évoque peut-être les vastes forêts, prairies et crêtes qui le composent. S'il est très impliqué pour préserver l'équilibre de ces grands espaces naturels, la biodiversité mérite d'être protégée partout, même dans les villages.
En milieu bâti, il existe des îlots de nature insoupçonnés qui permettent à la flore et à la faune de prospérer. Insectes, oiseaux, petits mammifères et plantes diverses s'intègrent discrètement dans nos lieux de vie.
Le Parc Jura vaudois propose aux communes intéressées, dans son périmètre, des diagnostics portant sur la gestion de leurs espaces verts. Avec, à la clé, des propositions de mesures concrètes favorisant la biodiversité dans les villages.
Depuis 2021, 19 communes ont pris part au projet Biodiversité en village.
Un plus, pour la nature comme pour les habitants!
A Romainmôtier, par un joli soleil de mai, deux promeneurs s'arrêtent, griffonnent sur une carte, observent les oiseaux et recensent les plantes exotiques envahissantes dans les plates-bandes communales. Aline Wuillemin et Bastien Guibert ne sont pas là pour faire du tourisme. Mandatés par le Parc Jura vaudois, les deux ingénieurs en gestion de la nature de l'Atelier Nature et Paysage ATNP font le tour des parcelles, bords de route et bâtiments propriétés de la commune pour relever les bons points et les potentielles mesures à prendre pour favoriser la biodiversité.
Chaque fois qu'une commune prend part au projet Biodiversité en village, le processus est le même:
A l'issue du diagnostic de terrain, un catalogue de propositions est élaboré. Il est ensuite discuté avec les autorités communales, qui décident ce qu'elles souhaitent mettre en place. Le Parc Jura vaudois accompagne la mise en œuvre des propositions retenues.
En se baladant le long de La Venoge, l'élu montre une grande plate-bande coincée entre la route et la rivière, parsemée de fleurs de printemps. Laissée en prairie fleurie, elle n'est fauchée plus que deux fois par an. «L'an dernier, nous avons laissé pousser, sans rien semer, pour voir ce qui allait venir. On s'attendait à une saison catastrophique mais la nature a repris ses droits et il n'a pas été nécessaire de réensemencer, se réjouit Philippe Mülhauser, le Municipal.
En tout, ce sont plus de 10'000 m2 de zone herbeuse que la Commune a cessé de tondre pour laisser la biodiversité s'étendre. A cela s'ajoute aussi les quelques arbres et buissons qui vont former des structures supplémentaires, permettant à certains oiseaux - rougequeues noirs, moineaux friquets, mésanges et hirondelles, mais aussi aux papillons, abeilles et autres insectes liés à des plantes spécifiques, de réintégrer le paysage.
Après seulement une année d'expérience, Philippe Mülhauser tire un bilan très positif.
« Quand j'en ai parlé en séance avec la voirie, on m'a pris pour un fou! Mais même le responsable, qui a tondu pendant des années, a été convaincu par les effets de ces mesures, suite aux explications des biologistes. Ce sont des mesures très simples, économiques pour la commune, et elles ont un réel impact sur la nature. »
Quels sont les types de mesures principales que vous proposez aux communes?
Cela doit rester des mesures simples et faciles à mettre en place, comme passer certaines plates-bandes en prairies et éliminer les plantes exotiques envahissantes. Nous proposons aussi d'installer des haies et des arbres indigènes ou des fruitiers haute-tige, là où cela nous semble pertinent. S'il y a des bâtiments qui s'y prêtent, nous suggérons aussi la pose de nichoirs.
Quels effet peuvent produire ces aménagements?
Redonner de la place à la faune et à la flore facilite le retour de certaines espèces. Grand nombre de nos mesures visent les insectes, mais la présence de ces derniers fait également revenir les oiseaux. En plus de favoriser la qualité de l'air, chaque arbre planté diminue les îlots de chaleur, dans le bourg. Favoriser la biodiversité permet de créer des corridors écologiques qui formeront une continuité avec les prairies et les massifs forestiers proches des villages. Avoir une belle structure naturelle en milieu bâti ne sert à rien si elle est isolée des milieux naturels.
Quel regard portez-vous sur l'évolution de la gestion de la nature?
Il y a une vraie prise de conscience concernant la charge que représente l'entretien des espaces verts. Les intérêts écologiques, mais aussi économiques, suscitent l'intérêt de plus en plus de communes, transformer un gazon en prairie fleurie étant nettement moins contraignant en termes d'entretien.
Ingénieure en gestion de la nature, Aline Wuillemin travaille pour l'Atelier Nature et Paysage ATNP.
Vous avez un jardin ou un petit balcon et souhaitez y laisser une place pour la nature? Vous ne savez pas par où commencer?
La Charte des jardins vous propose quelques bonnes pratiques! Non contraignante, cette charte fixe les principes fondamentaux d'un jardinage respectueux de l'environnement et de la biodiversité.
Vous trouverez d'autres conseils sur nos pages Favoriser la biodiversité ou Aider les oiseaux sur le site internet du Parc Jura vaudois.