Sous l'aile du rougequeue à front blanc

Le Parc Jura vaudois mène un projet régional en faveur du rougequeue à front blanc. Migrateur, cet oiseau coloré a besoin d'une mosaïque de structures naturelles: grands arbres, herbe rase, prairies et cavités. Ces milieux se faisant plus rares, les effectifs de l'espèce sont faibles. Des villages du Parc se mobilisent pour lui offrir un cadre favorable.

Le rougequeue à front blanc s'invite à l'école!

Le rougequeue à front blanc s'invite à l'école!

Dans le cadre du projet régional en faveur du rougequeue à front blanc, quatre communes de la Vallée de Joux ont posé des nichoirs dans la cour de leur école, depuis mai 2023. Chaque nichoir a été décoré avec soin, par les élèves. Durant l'animation, les élèves de 3 à 6H ont pu poser leurs questions à un ornithologue et en apprendre plus sur cet oiseau coloré. 

Au total, ce sont 10 classes de la Vallée de Joux et de Vaulion qui participent au projet. 

Un projet porté par quatre communes

Un projet porté par quatre communes

Les démarches en faveur du rougequeue à front blanc sont menées par quatre communes du Parc naturel régional Jura vaudois: Le Lieu, Le Chenit, L'Abbaye et Vaulion. La Vallée de Joux constitue l'un des derniers repaires de l'espèce, dans le canton de Vaud. Tout proche, le Vallon du Nozon a un fort potentiel d'accueil. 

Considéré comme potentiellement menacé (NT) sur la Liste rouge des oiseaux nicheurs, le rougequeue à front blanc fait partie des cinquante espèces prioritaires pour des mesures de conservation ciblées, en Suisse.

Conscientes de la responsabilité et du potentiel qu'elles offrent à cette espèce, les quatre communes s'engagent à mettre en place des mesures concrètes, avec le soutien du Parc naturel régional Jura vaudois, en partenariat avec la Station ornithologique suisse et le Groupe rougequeue à front blanc de La Chaux-de-Fonds.









Crise du logement 

Le rougequeue à front blanc prend ses quartiers d'hiver au Sahel. Pour rejoindre l'Europe au début du mois d'avril, ce migrateur longue distance traverse le Sahara et la mer Méditerranée. Il parcourt ainsi, de nuit, 4'500 kilomètres pour venir se reproduire et nicher chez nous. Jusqu'au milieu des années 1950, l'espèce était abondante puis les effectifs ont chuté. 

Si de graves sécheresses en Afrique ont réduit les populations, la cause majeure de la disparition du rougequeue à front blanc sous nos latitudes est la destruction de son habitat de prédilection. A laquelle s'ajoute la diminution des insectes, comme sources de nourriture. 

En effet, le rougequeue à front blanc apprécie tout particulièrement les vergers haute-tige, les lisières ou les vieux arbres isolés qui offrent des cavités pour élever ses jeunes et des perchoirs pour fondre sur ses proies. Or, ces structures se sont raréfiées.

Le rougequeue à front blanc 

Nom scientifique Phoenicurus phoenicurus
Poids 12-20 g
Taille 13-15 cm
Couleurs La face noire du mâle est surmontée d'un bandeau blanc. Son ventre et sa queue sont orange-roux. La femelle a la tête grise, sans bandeau, le ventre et le croupion plus légèrement orangés.
Régime alimentaire Insectivore
Sites de nidification Cavités d'arbres, bâtiments
Statut en Suisse Nicheur, migrateur régulier
Liste rouge Suisse Potentiellement menacé (NT). Il figure sur la liste rouge des Espèces prioritaires pour une conservation ciblée.
Le plan-b: nos villages

Le plan-b: nos villages

De nombreuses populations se sont alors adaptées à la vie en village. Les rougequeues à front blanc s’installent volontiers à proximité des parcs, vergers ou jardins avec des grands arbres offrant des cavités de nidification. Ceci, à condition que les insectes, larves et araignées y soient suffisamment présents.

Place au concret

Un diagnostic Biodiversité en village a été réalisé en 2022 dans les quatre communes concernées. L’objectif ? Inventorier les parcelles communales qui ont un potentiel d’accueil favorable au rougequeue à front blanc.

Des mesures concrètes seront mises en place dès 2023 : plantation d’arbres et d’arbustes indigènes, installation de nichoirs, création de prairies, fauches tardives, etc.

Et la bonne nouvelle, c’est que plein d’autres espèces d’oiseaux, d’insectes et de fleurs en profiteront aussi !

Autour de chez soi, 

chacun peut aussi favoriser la biodiversité en laissant un peu de place à la nature. 

Les petites structures telles que les tas de bois, de feuilles mortes ou de pierre, le bois mort, les prairies fleuries ou les jachères florales permettent d’améliorer la quantité et la diversité des insectes et donc augmente le nombre de proies pour le rougequeue à front blanc.Dans le même but, l’utilisation de pesticides dans les potagers et vergers est à bannir.

  • L’éclairage nocturne est également une source de perturbation pour les insectes. Diminuer les sources de lumière superflues permet de limiter cet impact.
  • Lors de la plantation des haies, favoriser les espèces indigènes qui apportent une source de nourriture à toutes les espèces d’oiseaux, aux insectes et aux micromammifères.
  • Chassant majoritairement les proies au sol, des zones de végétation rase, les prairies maigres ou les potagers sont profitables au rougequeue. Il a également besoin, dans ces zones de chasse, de perchoirs tels que des branches basses, des piquets, ou des souches qui n’ont pas été coupées trop bas.
  • La conservation des vieux arbres offrant souvent des cavités facilite la nidification du rougequeue à front blanc. Dans un environnement favorable, mais dépourvu de ces cavités, des nichoirs peuvent représenter une alternative.
  • Malheureusement, comme pour toutes les autres espèces d’oiseaux, les chats sont des prédateurs de plus en plus nombreux. Une clochette accrochée au cou de nos compagnons félins permet de donner plus de chances à ce bel oiseau d’échapper à leurs griffes.

Avec ces quelques gestes simples et la création d’une mosaïque de milieux favorables, le rougequeue à front blanc, comme beaucoup de ses congénères, trouvera, dans notre région, une véritable terre d’accueil.

Dessins © Gisèle Rime

Photos © Pascal Engler © Patrick Sabonnadière-Biosphoto