Faire défiler

Sous l'aile du rougequeue à front blanc

Le Parc Jura vaudois mène un projet régional en faveur du rougequeue à front blanc. Migrateur, cet oiseau a besoin d'une mosaïque de structures naturelles qui se font rares. Des villages du Parc se mobilisent pour lui offrir un habitat favorable.

Un projet porté par quatre communes

Les démarches en faveur du rougequeue à front blanc sont menées par quatre communes du Parc naturel régional Jura vaudois: Le Lieu, Le Chenit, L'Abbaye et Vaulion. La Vallée de Joux constitue l'un des derniers repaires de l'espèce, dans le canton de Vaud. Tout proche, le Vallon du Nozon a un fort potentiel d'accueil. 

Considéré comme potentiellement menacé (NT) sur la Liste rouge des oiseaux nicheurs, le rougequeue à front blanc fait partie des cinquante espèces prioritaires pour des mesures de conservation ciblées, en Suisse.

Conscientes de la responsabilité et du potentiel qu'elles offrent à cette espèce, les quatre communes s'engagent à mettre en place des mesures concrètes, avec le soutien du Parc naturel régional Jura vaudois, en partenariat avec la Station ornithologique suisse et le Groupe rougequeue à front blanc de La Chaux-de-Fonds.


Crise du logement

Le rougequeue à front blanc prend ses quartiers d'hiver au Sahel. Pour rejoindre l'Europe au début du mois d'avril, ce migrateur longue distance traverse le Sahara et la mer Méditerranée. Il parcourt ainsi, de nuit, 4'500 kilomètres pour venir se reproduire et nicher chez nous. Jusqu'au milieu des années 1950, l'espèce était abondante puis les effectifs ont chuté. 

Si de graves sécheresses en Afrique ont réduit les populations, la cause majeure de la disparition du rougequeue à front blanc sous nos latitudes est la destruction de son habitat de prédilection. A laquelle s'ajoute la diminution des insectes, comme sources de nourriture. 

En effet, le rougequeue à front blanc apprécie tout particulièrement les vergers haute-tige, les lisières ou les vieux arbres isolés qui offrent des cavités pour élever ses jeunes et des perchoirs pour fondre sur ses proies. Or, ces structures se sont raréfiées.

Le rougequeue à front blanc

Nom scientifiquePhoenicurus phoenicurus
Poids12-20 g
Taille13-15 cm
CouleursLa face noire du mâle est surmontée d'un bandeau blanc. Son ventre et sa queue sont orange-roux. La femelle a la tête grise, sans bandeau, le ventre et le groupion plus légèrement orangés. 
Régime alimentaireInsectivore
Sites de nidificationCavités d'arbres, bâtiments
Statut en SuisseNicheurs, migrateur régulier
Liste rougePotentiellement menacé (NT). Il figure sur la Liste rouge des Espèces prioritaires pour une conservation ciblée.
© Pascal Engler

Le plan-b : nos villages

De nombreuses populations se sont alors adaptées à la vie en village. Les rougequeues à front blanc s’installent volontiers à proximité des parcs, vergers ou jardins avec des grands arbres offrant des cavités de nidification. Ceci, à condition que les insectes, larves et araignées y soient suffisamment présents.

Place au concret

Un diagnostic Biodiversité en village a été réalisé en 2022 dans les quatre communes concernées. L’objectif ? Inventorier les parcelles communales qui ont un potentiel d’accueil favorable au rougequeue à front blanc.
Des mesures concrètes ont été mises en place : plantation d’arbres et d’arbustes indigènes, installation de nichoirs, création de prairies, fauches tardives, etc.

Biodiversité en village, à L'Isle

Avec ces quelques gestes simples et la création d’une mosaïque de milieux favorables, le rougequeue à front blanc, comme beaucoup de ses congénères, trouvera, dans notre région, une véritable terre d’accueil.

Bon à savoir

Autour de chez soi, chacun peut aussi favoriser la biodiversité en laissant un peu de place à la nature. 

  • Les petites structures telles que les tas de bois, de feuilles mortes ou de pierre, le bois mort, les prairies fleuries ou les jachères florales permettent d’améliorer la quantité et la diversité des insectes et donc augmente le nombre de proies pour le rougequeue à front blanc.
  • Dans le même but, l’utilisation de pesticides dans les potagers et vergers est à bannir.
  • L’éclairage nocturne est également une source de perturbation pour les insectes. Diminuer les sources de lumière superflues permet de limiter cet impact.
  • Lors de la plantation des haies, favoriser les espèces indigènes qui apportent une source de nourriture à toutes les espèces d’oiseaux, aux insectes et aux micromammifères.
  • Chassant majoritairement les proies au sol, des zones de végétation rase, les prairies maigres ou les potagers sont profitables au rougequeue. Il a également besoin, dans ces zones de chasse, de perchoirs tels que des branches basses, des piquets, ou des souches qui n’ont pas été coupées trop bas.
  • La conservation des vieux arbres offrant souvent des cavités facilite la nidification du rougequeue à front blanc. Dans un environnement favorable, mais dépourvu de ces cavités, des nichoirs peuvent représenter une alternative.
  • Malheureusement, comme pour toutes les autres espèces d’oiseaux, les chats sont des prédateurs de plus en plus nombreux. Une clochette accrochée au cou de nos compagnons félins permet de donner plus de chances à ce bel oiseau d’échapper à leurs griffes.

Dessins © Gisèle Rime